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par Tony Neulat

Les unités de mesure sous l'Ancien Régime

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Crédits AD88 Il est délicat de décrypter les systèmes de mesure de l’Ancien Régime pour diverses raisons. En effet :

les unités de mesure étaient très différentes de celles utilisées de nos jours, héritées de la Révolution ; elles ne reposaient pas sur le système décimal, autrement dit, il n’y avait pas un rapport de 1 à 10 entre une unité de mesure et une autre, contrairement au système actuel (ex : millimètre, centimètre…) ; une même unité de mesure prenait des valeurs différentes selon les régions, voire les cantons, ou selon l’objet mesuré. Par exemple, un minot de sel ne représentait pas la même capacité qu’un minot de blé ; certaines unités de mesure étaient davantage qualitatives et subjectives que quantitatives et objectives. Par exemple, une superficie pouvait être mesurée en journées de travail ; chaque région disposait d’unités de mesure propres. Eu égard à ces considérations, voici présentées les principales unités de mesure de distance, superficie, poids et capacités.

Le corps humain au cœur des unités de longueur Les unités de mesure de l’Ancien Régime étaient généralement l’abstraction d’une donnée très concrète, souvent d’origine corporelle (ex : pouce, pied, pas, brasse). Il en existait de nombreuses selon le domaine d’application (mesure de terres, mesures d’étoffes, dans la marine…). Par ailleurs, leur valeur dépendait de la région et de l’époque. Les tableaux de conversion ci-contre n’ont donc qu’une portée indicative et il est indispensable de se reporter à des ouvrages spécialisés pour plus de précisions (cf. encadré « Pour approfondir »).

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À noter que la valeur de la lieue variait selon les époques et les régions. Par exemple, la lieue de Paris valait 1 666 toises avant 1674, puis 2 000 toises jusqu’en 1737, soit 3 898 m. Par ailleurs, la lieue de Picardie, Normandie et Champagne mesurait 4 444 m tandis que celle de Bretagne et d’Anjou 4 581 m ou de Provence 5 849 m. Il en est de même pour la valeur de la toise.

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Les marins utilisaient un système de mesure spécifique, indiqué dans le tableau ci-dessous.

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Une unité particulière était employée pour mesurer la longueur des étoffes : l’aune, dont les valeurs régionales sont indiquées dans le tableau ci-dessous.

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Les mesures de superficie, objectives et subjectives

Pour la mesure de superficie, diversité est aussi le maître mot. Il existe principalement deux catégories d’unités de mesure de superficie :

celles qui sont tout simplement le carré d’une longueur. Seule une approche locale permet d’appréhender les mesures métriques équivalentes, car, pour une même unité, la valeur correspondante peut varier d’un facteur 6 selon les régions… celles, plus approximatives, qui font référence à une quantité de travail ou à une quantité de grains nécessaire pour cultiver cette surface.

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Pour mieux appréhender les unités de mesure de surface d’Ancien Régime de votre secteur géographique,

Vous pouvez vous reporter aux compoix ou cadastres anciens qui précisent généralement le système métrologique utilisé et les rapports entre unités.

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Les mesures de poids, héritées de Charlemagne

C’est la pile, dite de Charlemagne, qui était à la base du système de mesure des poids sous l’Ancien Régime, dits poids de marc. Elle est constituée de 13 poids à godets qui s’emboîtent les uns dans les autres, fabriqués à partir d’étalons qui remonteraient à Charlemagne. Chaque poids a servi d’étalons à la constitution des unités de mesure de masse. L’unité de base était la livre, qui pesait près d’un demi-kilogramme.
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Les mesures de capacité de liquide

C’est la pinte qui était à la base du système de mesure pour les capacités de liquides. Les grandes capacités, en particulier de vin, étaient mesurées en quartauts, feuillettes, barriques… dont la capacité variait selon les régions. Par exemple, un quartaut (sorte de futaille pour le vin) mesurait 9 veltes à Paris, 12 en Champagne, 13,5 à Dijon ou Orléans… Les valeurs indiquées concernent Paris.
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Les mesures de capacité de matières sèches

Les volumes de matière sèche telle que les céréales, le charbon, le sel… étaient mesurés à l’aide d’un système différent des liquides. Les deux unités de base étaient le litron (0,81 l) et le boisseau (13 l). Sur les foires et marchés, les capacités étaient mesurées à l’aide de pierres à grains, dans lesquelles étaient pratiqués des orifices qui servaient d’étalons de mesure. Il existait deux manières d’utiliser ces orifices, « de remplir la mesure » :

la « mesure rase » qui consistait à remplir le trou à ras bord ;

la « mesure comble » qui consistait à placer un maximum de grains dans l’orifice, en complétant la mesure rase d’un cône de grains. La mesure comble pouvait ainsi être supérieure de 30 à 50 % à la mesure rase. Selon que l’on mesurait de l’avoine, du blé, du sel ou du charbon, etc., les dénominations restaient les mêmes mais elles représentaient des volumes différents ! Ainsi, un minot de blé représentait 3 boisseaux, un minot d’avoine 6 boisseaux, un minot de sel 4 boisseaux, et un minot de charbon de bois 8 boisseaux…

Par ailleurs, les valeurs du boisseau dépendaient fortement des régions (du simple au décuple !) : Blois : 7,8 l ; Nantes : 9,1 l ; Paris : 13 l ; Lyon : 32 l ; Périgueux : 32,5 l ; La Rochelle : 33,8 l ; Bordeaux : 78 l.

Autant dire que le tableau ci-contre, valable pour Paris, n’est présenté qu’à titre indicatif et qu’il est indispensable de se reporter à des ouvrages spécialisés pour en savoir plus.
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